L’histoire de l’Ermitaj
C’est au détour d’une randonnée à cheval, début des années 2000, que Philippe Coupé, un Belge installé en Roumanie depuis une dizaine d’années, tombe sous le charme d’un lieu unique, dans le village de Malin. Quelques années plus tard (2006), il crée la société commerciale « Pamantul Nostru » avec laquelle il acquiert le terrain, et qui deviendra plus tard « Ermitaj Malin”.
Entre 2006 et 2009, Philippe supervise la rénovation des bâtiments et la construction d’une grange. A cette époque, il se concentre sur l’écotourisme, proposant notamment des circuits de randonnées avec des ânes. C’est également durant cette période qu’il découvre la permaculture, un sujet qui l’enthousiasme immédiatement.
En 2010, l’Ermitaj accueille le tout premier Cours Certifié de Permaculture (CCP) organisé en Roumanie, avec Pascal Depienne et Steve Read. L’expérience est renouvelée l’année suivante avec un second CCP.
Parallèlement, Philippe approfondit sa pratique de la méditation Zazen et organise des retraites méditatives. Ces expériences renforcent sa vision : il souhaite transformer l’Ermitaj en un lieu consacré à la permaculture et au bien-être.
Cependant, la maladie de Parkinson l’oblige à chercher une nouvelle équipe pour poursuivre son rêve. Il lance alors un appel à l’aide autour de lui et sur Internet (l’annonce est toujours active!). Et au mois de septembre 2014, Remy Pasti et Jean-Marie Coudou, qui ne se connaissaient pas, débarquent à l’Ermitaj.
Jean-Marie, lui, connait Philippe depuis de longues années. Tous les deux issus de la ville de Tournai (Belgique), ils ont guindaillé ensemble et ont même été colocataires. En 2014, Jean-Marie travaille toujours à l’Ecole de la Providence, qu’il a cofondé. Et il s’avère que l’un des enseignants est Roumain, et même exactement originaire de la ville de Beclean qui se trouve à côté de l’Ermitaj. Le monde est vaste, mais les rencontres essentielles finissent toujours par trouver leur chemin. Ce signe est suffisant pour attiser la curiosité de Jean-Marie, qui débarque alors à l’Ermitaj quelques jours seulement après l’arrivée de Remy.
Après une semaine passée à l’Ermitaj avec Jean-Marie et Philippe, Remy se convainc que c’est exactement le genre d’endroit qu’il cherche. Jean-Marie repart en Belgique avec Philippe et Remy relaie l’appel de Philippe afin de trouver d’autres énergies pour l’accompagner dans le projet.
Remy réunit une équipe composée de : Coline Vanlaeys, Ludo Dubrule, Pierre Dal Borgo, Laetitia Lamoline et Benoit Antoine. L’urgence imposée par l’ex-compagne et associée de Philippe nous pousse à racheter rapidement les parts de la société détenant l’Ermitaj et nous débarquons au compte-goutte au printemps 2015. Ce passage de relais marque le début d’une nouvelle phase, riche en apprentissages (autrement dit: de beaucoup de difficultés !).
Remy et Coline quittent pour 15 mois le projet à l’automne 2015. Ils y reviendront quand Pierre, Ben et Laeticia décident, au crépuscule de l’année 2016, de mener d’autres aventures.
En 2017, le noyau dur de l’équipe se forme donc autour de Ludovic, Rémy et Coline. Philippe, malgré sa santé déclinante, continue de séjourner à l’Ermitaj aussi souvent que possible bien qu’il passe la majorité de son temps en Belgique, dans l’habitat groupé de Jean-Marie. Ce dernier continue également de nous “coacher” et il est rejoint dans cette tâche par Pascal Depienne.
La même année, un pas important est franchi avec l’enregistrement des bâtiments au cadastre, et une partie du terrain devient constructible (intravilan), ce, ouvrant de nouvelles perspectives. Le chemin menant du village à l’Ermitaj est enfin pierré en grande partie, et nous embourber ne nous a jamais manqué!
En 2017, on organise également la première formation spécifique à la permaculture, ainsi que le premier “claca” qui voit se réunir pour un week-end une trentaine de personnes, majoritairement des Roumains. Nous accueillons tout l’été des volontaires, et la tablée est régulièrement supérieure à 10 personnes. Les hivers, Coline et Remy continuent de retourner en Belgique, où Remy travaille pour l’Etat fédéral.
En 2018, l’association « Ermitaj Pe Vale » voit le jour pour coordonner les événements du lieu. L’accueil de volontaires continue au même rythme qu’en 2017. Quatre formations résidentielles sont organisées pour un total de 24 jours, dont un cours certifié de permaculture avec Graham Bell. 2018 marque également l’achat, par Remy et Coline, d’une maison au village. Nous effectuons aussi en Belgique un souper de soutien.
2019 est marquée par l’un de nos événements les plus réussis: le cours certifié de permaculture avec Pascal Depienne. Avec plus de 20 participants pendant 2 semaines, nous repoussons les limites de cet endroit off-grid, grâce notamment aux premiers essais d’alternatives à notre approvisionnement en eau. Ce CCP est rapidement suivi de la convergence de Permaculture à laquelle nous convions le maire de notre commune; nous commençons à parler suffisamment bien le roumain que pour pouvoir prendre ce genre d’initiatives. Pour l’anecdote, notre maire sera bien surpris d’y rencontrer le maire de Buzau (municipalité de plus de 100 000 habitants dans le Sud-Est du pays)! A l’automne, Tudor Petrutiu décide de tenter l’aventure à l’Ermitaj et rejoint le projet, en tant que résident et porteur du projet “potager”, tout en restant impliqué dans les formations.
En 2020, après de nombreuses démarches administratives, les incertitudes autour de la société commerciale « Ermitaj Malin » (propriétaire du terrain) sont levées, offrant une base solide pour pérenniser le projet. Nous réalisons un claca cet été-là, la pandémie nous obligeant à annuler les événements prévus. Tudor quant à lui saisit une opportunité de maraîchage en Autriche, il quitte donc l’Ermitaj en tant que résident.
2021, le projet formation organise une quinzaine de journées de formation et 30 journées de “camp-chantier”. Un concept nouveau apparait dans notre offre: nous proposons une formation théorique, et si les participants le souhaitent, ils peuvent rester quelques journées supplémentaires (en tant que volontaires) afin de mettre en pratique les enseignements reçus lors de la formation. Le succès est au rendez-vous.
Cantemir Pacuraru est l’un des participants à nos cours de printemps. Charmé par l’Ermitaj et en recherche d’un lieu, il s’installe à l’Ermitaj en juin. Cantemir réalise en thèse en droit et s’intéresse aux propriétés médicinales des champignons. Il fonde la SRL “Cultura de ciuperci”, qui siège également à l’Ermitaj. Au début de la guerre en Urkraine, il devient le référent roumain du réseau GEN Europe et accueille des réfugiés à l’Ermitaj pendant plusieurs mois, en dépit des conditions d’accueil difficiles. Après un an et demi passé avec nous, il décide de quitter l’Ermitaj pour se concentrer sur sa thèse de doctorat. Il reste le conseiller juridique de l’Ermitaj 😉
2022 est une année mitigée. Nous ne parvenons pas à trouver suffisamment de participants pour nos formations et devons annuler les événements prévus. Nous accueillons toutefois la première activité dans le cadre du corps européen de solidarité (l’ancien Service volontaire européen), « l’eco-living camp » qui est une belle réussite. A la fin de l’été, Philippe nous quitte, emporté par la maladie de Parkinson. Nous décidons de nous séparer des ânes. Ludovic décide également de quitter définitivement le projet de l’Ermitaj, tout comme Cantemir. Une éclaircie de cette année est l’arrivée de Cristina Colis en tant que porteuse de projet. Remy et Coline rejoignent en outre l’Association Roumaine de Permaculture.
Nous organisons en 2023 un seul événement, mais pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du premier cours certifié de permaculture en langue roumaine avec Cristina! Suite aux départs de Ludo et de Cantemir, les autres projets de l’Ermitaj (potager notamment) tournent un peu au ralenti, alors que Remy expérimente la culture des champignons et que Coline travaille à temps plein pour une autre association.
2024 est une bonne année avec plus de 20 journées de formation, 15 jours de camp-chantier et 1 à 3 volontaires présents en permanence de mi-avril à mi-août. Le potager est florissant et le taux de satisfaction des participants atteint des sommets. Coline et Remy en profitent pour se former et réseauter. Ils s’engagent tous deux dans leur diplôme approfondi de permaculture via le réseau de permaculture belge, Permanant, et participent également à la première rencontre de Permaculture Balkans, en Grèce.
Et demain ?
Il y a selon nous deux itinéraires possibles:
- nous trouvons de nouvelles énergies (des personnes, des projets, des investisseurs) et tentons de développer l’Ermitaj à son plein potentiel. Ce qui implique un investissement notamment matériel très conséquent.
- nous continuons à vivre, plus ou moins tranquillement, et maintenons simplement l’existant pour limiter la dégradation du temps, organisant quelques formations à la belle saison…