Voici une méthode simple, efficace et économique pour multiplier des plantes sans passer son temps à surveiller l’arrosage. Elle s’adresse à tous ceux qui aiment les plantes mais qui ont tendance à… comment dire… les oublier. Elle est utile aussi pour ceux qui ne sont pas toujours aux côtés de leur plantes, les personnes vivant à la ville et ayant un terrain à la campagne par exemple. Parfaite aussi pour tenter des boutures ou semer des graines réputées difficiles ou longues à germer, comme les noyaux de fruitiers.
Soyons honnêtes : aucun professionnel n’utilisera cette méthode. Il faut avoir les bouteilles sous la main. Mais pour les amateurs, elle fonctionne très bien.

Ce qu’il vous faut
Rien d’exotique.
- Deux bouteilles en plastique de même format, cylindriques ou carrées. Les fabricants s’amusent à inventer des formes “sexy” pour attirer l’œil, mais c’est pas l’idéal dans notre cas. Chez nous, on a beaucoup de bouteilles de 2 litres, à la forme toute simple, qui contenaient le jus de nos pommes.
- Un morceau de plastique souple, par exemple l’étiquette de la bouteille.
- Des graviers ou des billes d’argile expansée.
- Un substrat léger : mélange terreau, terre de jardin, sable ou tourbe (tourbe à éviter car nous, humains, sur-utilisons cette ressource). Pas besoin que ce soit riche, il faut surtout que ce soit aéré et léger.
- De l’eau.
- Facultatif : un peu de charbon végétal, qui aide à garder l’eau plus claire. Évitez le charbon barbecue industriel, souvent enrobé de produits douteux facilitant l’allumage du feu. A placer dans le réservoir donc.
Comment faire pour multiplier vos plantes

- Le réservoir
Coupez le haut d’une bouteille : ce sera la partie réservoir. Y mettre un peu de charbon. - Le contenant
Coupez le bas d’une autre bouteille : cette partie, retournée, accueillera le substrat et les boutures. - La mèche
Avant d’emboîter, insérez dans le goulot un morceau de plastique qui touchera le fond du réservoir. Cette mèche permettra à l’eau de remonter par capillarité. Choisissez un matériau non organique, pour éviter qu’il ne pourrisse avec le temps. - L’assemblage
Retournez la partie avec le goulot et placez-la dans le réservoir. A ce stade, pour pouvoir remplir facilement plus tard, créez un petit espace entre les deux (par exemple en coinçant un morceau de bois ou en s’arrangeant pour créer une « ondulation » dans la partie contenant), pour pouvoir remplir le réservoir facilement. - La base drainante
Mettez une petite couche de graviers ou de billes d’argile au fond du contenant, autour de la mèche. Elle évite que le substrat ne baigne dans l’eau. - Le substrat
Ajoutez le mélange de terre bien humidifié. Pas détrempé non plus mais bien humide. - Boutures ou graines
Installez vos boutures ou semez vos graines. - Remplissage
Versez de l’eau dans le réservoir, jusqu’au niveau des graviers mais pas plus haut. Si vous remplissez trop, vous risquez l’asphyxie et la pourriture des racines. - Une fois le système racinaire bien développé, on peut transplanter. Un an, c’est bien.
3 petits tips supplémentaires
- Mini-serre (facultatif)
Pour certaines boutures, dites « à l’étouffée » vous pouvez utiliser le haut de la bouteille qui a servi à faire le réservoir, comme un chapeau. Cela garde une atmosphère humide, limitant la transpiration de la plante – c’est important pour certains types de boutures. - Les boutures, ça se place plutôt dans un milieu ombragé, pas en plein cagnard (pas grave si les boutures d’automne sont placées au soleil mais, au printemps, il faudra les déplacer.)
- Si au bout de quelques mois les feuilles jaunissent, c’est probablement le signe qu’une fertilisation est nécessaire. L’urine diluée, une part pour dix d’eau, est un excellent engrais naturel, mais n’importe quel engrais doux fera l’affaire.
Le principe derrière tout ça
La clé, c’est la capillarité. L’eau remonte doucement depuis le réservoir vers le substrat, exactement comme une éponge qui s’imbibe. C’est le même phénomène qui pousse les maçons à poser une membrane étanche sous les briques pour éviter les remontées d’humidité. Résultat : la plante se sert seule, à la demande.
Il y a aussi d’autres concepts physiques à l’œuvre : la tension superficielle, équilibre gravité – forces capillaires, évapotranspiration mais pour être honnête, je ne les appréhende pas tous, et en tant que jardinier, on n’a pas besoin d’entrer dans les détails. Ce qui compte, c’est que ça marche, on veut juste multiplier nos plantes, pas un doctorat en physique.
Ce genre de système est en fait une version miniaturisée de jardinière avec réservoir d’eau. Pour ceux qui voudrait implanté en mode DIY ce genre de système à plus grande échelle, le mot-clé est « wicking bed« .

Les avantages pratiques de cette méthode pour pour multiplier vos plantes
Vous pouvez oublier vos boutures. Le réservoir peut tenir plusieurs semaines, voire un à deux mois en hiver, et plusieurs jours à deux semaines en été, en fonction de la chaleur ambiante et du stade de développement.
La plante prend l’eau dont elle a besoin, pas d’excès, pas de dessèchement brutal. C’est souvent cette régulation de l’humidité qui fait la différence entre une bouture qui prend et une bouture qui pourrit ou qui sèche.
La version video
Cet article est la version écrite d’une vidéo pratique que nous avons réalisée. Vous pouvez la visionner ici (en roumain) :
Pour aller plus loin: les principes de permaculture en action
Comme vous le savez, la permaculture est une méthode de conception sous-tendue par une éthique et des principes. Cette façon de multiplier ses plantes illustre plusieurs principes fondamentaux de la permaculture, que vous pouvez découvrir sur le site Permaculure Principles ou lors de nos cours certifiés de conception en permaculture.
- Capter et stocker l’énergie
Le système permet de stocker l’eau dans le réservoir et de la libérer lentement, comme le ferait un sol bien structuré. - Obtenir un rendement
Il assure une production de nouvelles plantes avec un minimum d’effort, ce qui est exactement l’objectif d’une bonne conception. - Utiliser et valoriser les ressources renouvelables
Ici, une bouteille en plastique considérée comme un déchet devient une ressource. On prolonge sa vie en en faisant un outil utile, au lieu de l’envoyer à la poubelle. C’est une application concrète du principe produire peu de déchets ou valoriser la diversité. - Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction
La plante devient son propre régulateur d’arrosage. Elle prend ce dont elle a besoin, quand elle en a besoin. Le système s’autorégule et réduit la charge d’entretien. - Utiliser de petites solutions, lentes et intensives
On est ici très loin des serres industrielles ou des systèmes automatisés gourmands. C’est une solution low-tech, qui mise sur le temps et la simplicité.