La spirale aromatique, c’est un peu le graal des permaculteurs débutants. La première fois qu’on tombe dessus dans un bouquin de Bill Mollison (le co-fondateur de la permaculture), on se dit que c’est le truc qu’il nous faut. À l’Ermitaj, en 2021, un groupe de jeunes que nous avons reçu la voulait tellement qu’on en a fait une. Quinze personnes, une journée entière et plusieurs mètres cubes de matériaux plus tard, nous voilà avec une belle sculpture végétale qui… n’est pas si simple à entretenir.

Image: spirale aromatique de l’Ermitaj
La première promesse de la spirale aromatique : tous les microclimats sur quelques mètres carrés
La promesse de la spirale aromatique, c’est de concentrer tous les microclimats possibles sur un petit espace : du sec à l’humide, de l’ombre au soleil, de la garrigue à la plaine fertile. En théorie, c’est génial. Mais dans un jardin, ces microclimats, souvent, existent déjà sans qu’on ait besoin d’empiler des pierres, de trouver de la terre de remblai, etc : à l’ombre de la maison, au pied des descentes de gouttières, au pied de la façade exposée au sud… Et les plantes aromatiques, pour la plupart, sont assez flexibles pour se contenter de conditions qui ne leur sont pas idéales.
La deuxième promesse: le gain de place
Autre argument : le gain de place. Bill Mollison nous promet qu’une spirale de trois mètres de diamètre offre neuf mètres linéaires pour planter. Super, non ? Oui… sauf qu’avec l’épaisseur des murs, ces neuf mètres linéaires ont une largeur de 30-50 cm. Autant dire que le gain est purement théorique. En pratique, on se retrouve avec 7m² de surface au sol pour une surface cultivée de 4m². Et qui nécessitent un entretien particulier. Même en diminuant l’épaisseur des murs et en considérant les parois verticales, les gains sont minimes.
La spirale aromatique, jolie mais peu rentable
Une spirale aromatique, ça peut être joli, surtout si elle est soignée et que les plantes sont bien gérées. Mais pour être honnête, les efforts pour la créer et l’entretenir dépassent souvent l’utilité qu’on en retire. Alors, faites-en une si le cœur vous en dit, mais gardez en tête que c’est un exercice plus esthétique qu’efficace.
À l’Ermitaj, cette expérience nous rappelle une chose essentielle : ne prenez pas tout ce que vous lisez au pied de la lettre. Cherchez d’abord dans votre jardin les microclimats naturels, et utilisez-les. La permaculture, c’est aussi une invitation à observer, expérimenter et adapter chaque design à son contexte unique. Et c’est aussi faire le moins d’efforts pour un maximum de résultats.
Et si vous souhaitez en faire une, les ressources abondent sur le net. Par exemple